I - Le massacre du lion de Némée
Le Mythe
Celui qui préside interpela l’instructeur d’Hercule : « qu’il prépare ses armes et polisse son bouclier car le travail qui l’attend sera terrible ».
Hercule se tenait, en parure de guerre, devant la cinquième porte comme s’il avait répondu à une injonction silencieuse. Apercevant son instructeur, il lui demanda quelle était la raison de sa présence en ce lieu ainsi vêtu pour la guerre. « Les gens de Némée, aux fait de tes prouesses, sollicitent ton aide pour tuer le lion qui dévaste leur pays ». Sur ces dires, le rugissement de l’animal se fit entendre. « Les habitants de cette contrée vivent dans la peur et se cloîtrent tous chez eux. Le lion rôde et s’empare de tout ce qu’il rencontre, va et chasse l’animal. ». Hercule, encombré par son arsenal se délesta d’armes et armure ne conservant que sa massue qu’il avait jadis taillé dans un robuste olivier. « Faites dire au peuple que je me mets en chemin ».
Au cours de sa traque, Hercule ne croisa que quelques rares habitants, la majorité se cachant du lion. Interpelés, ils lui demandèrent pourquoi il ne portait pas plus d’armes, nombreux étant ceux qui avaient déjà été dévorés. Hercule continua sa traque, certains l’accompagnaient le cœur mêlé de peur et d’espoir. Pendant plusieurs jours il chercha son chemin, les indications des habitants, apeurés, étaient peu fiables et se contredisaient souvent.
Il finit par débusquer le lion qui, devant l’assurance d’Hercule, rugit puissamment. Cela provoqua la fuite des habitants de Némée qui se trouvaient là. Hercule ne bougea pas. Il saisit un arc laissé au sol par un fuyard et décocha une flèche vers l’épaule du lion. Le projectile ricocha sans percer le cuir de l’animal. Il vida ainsi tout le carquois sans plus de résultat. Le lion, fou de rage, avança vers lui. Jetant son arc, Hercule chargea l’animal en criant, brandissant son gourdin. Stupéfait devant un tel acte de bravoure inconnu jusqu’alors, le lion pris la fuite. Celui qui est autant fils de l’homme que fils de dieu tenta de le poursuivre mais le lion disparut dans une montagne escarpée, il ne fut plus vu ni entendu.
Hercule chercha de tous côtés, sur tout chemin qui courait à flanc de montagne. Il finit par découvrir une caverne de laquelle s’échappa un rugissement sauvage de mise en garde. Criant aux habitants qu’il avait trouvé la bête, il pénétra dans la caverne obscure mais il ne trouva qu’une autre sortie. Se retournant, il entendit à nouveau le lion sous la montagne. La caverne ayant plusieurs ouvertures et le lion fuyant le combat, le chasser devenait impossible !
Cherchant autour de lui, il vit plusieurs tas de bois et entrepris l’obturation des entrées secondaires de la grotte. Il finit par s’enfermer avec le lion dans la caverne. Laissant même son gourdin derrière lui, il affronta l’animal à main nues. Il le saisit fermement à la gorge, l’étouffant. Les rugissements de haine et de peur s’atténuaient peu à peu, Hercule tenait bon. Une fois le lion vaincu, Hercule le dépeça à l’aide des griffes du fauve. Il sorti de la caverne, la peau de la bête sur les épaules.
Le peuple libéré, Hercule retourna auprès de son instructeur et déposa la peau de l’animal à ses pieds. Il lui donna le droit de la porter et il l’invita à se reposer auprès de ceux qu’il avait libérés de la peur. Le travail était terminé.
Analyse du mythe :
Il est intéressant de noter qu’Hercule répond à la convocation de façon instinctive. S’il se présente devant la cinquième porte avec un tel armement c’est qu’il a assimilé l’ordre en tant que membre de la masse humaine. Quand l’instructeur lui présente le travail à accomplir, il se débarrasse de tout son attirail à l’exception de la massue qu’il a lui-même façonnée. C’est l’individualité d’Hercule qui prend le dessus (ce bien lui est personnel). On observera par la suite que la seule façon de vaincre le lion était de se dépouiller de tout ce qui a trait au personnel, de refuser une vie individualisée.
Le véritable combat d’Hercule dans ce signe est la lutte contre la personnalité coordonnée dominante (symbolisée par le lion). On emploiera les termes combattre le lion de sa propre nature pour ce travail car c’est un combat contre sa propre personnalité. On relèvera ici le coté redoutable de cette épreuve (ce qui n’était pas le cas dans l’épreuve du cancer, la capture de la biche de Cérynée). Tous ceux qui ont combattu le lion avant Hercule ont été dévorés submergés par la personnalité qu’ils voulaient asservir. Alors que face à un aspirant le lion fuit car s’il se sait invulnérable à l’homme (les flèches ricochent sur son cuir) il sait aussi que la voie qu’emprunte Hercule peut lui être fatale. C’est pour cela qu’il refuse le combat et prend la fuite. Il sera traqué jusqu’à ses derniers retranchements, sa tanière, un espace défini.
Hercule est encore trop individualisé pour combattre le lion raison pour laquelle il n’arrive pas à l’acculer dans la caverne, le lion usant de ruses et d’issues dérobées pour fuir encore. L’obturation de ces issues représente le fait de se couper des émotions personnelles et le fait de se débarrasser de sa massue est un symbole fort de désindividualisation, le refus d’une vie personnelle et égoïste.
Le duel s’effectuera hors du regard de quiconque, c’est un combat intérieur, individuel. Hercule sort vainqueur de la caverne, habillé de la peau du fauve. Le lion symbolise la personnalité, mot qui vient du Latin persona : le masque de théâtre. Dans les théâtres antiques, les acteurs portaient tous des masques. On peut donc voir le lion comme le masque : personnalité porté par l’acteur : âme (Hercule). Une autre version du mythe explique que, hors du regard des hommes, Hercule étouffa le lion et, relâchant sa prise, le lion inspira l’air supérieur de l’âme. Le lion devint ainsi assouvi à celle-ci. La personnalité est alors obéissante à l’âme, à son service. On retrouve dans cette version la même finalité. C’est la symbolique de la subordination de Soi au tout. Ceci n’est pas sans rappeler l’ouverture du chakra frontal qui représente la personnalité intégrée
La personnalité ne se manifeste qu’après le développement des corps physique, émotionnel et mental. Cette phase marque le début de l’individualisation et la prise ’’d’indépendance’’ à l’égard du milieu (familial, sociétal ou organisationnel) auquel l’individu est associé se fait souvent avec force et violence. C’est alors que le lion de la personnalité doit être tué.
II - Le 5e signe du zodiaque
Le lion est le cinquième signe du zodiaque. La symbolique des nombres sur les 5 premiers signes est intéressante à développer :
Le 1 est le point lié à l’énergie Bélier. Il représente le tout, la vie Une, l’Esprit. Dans le point, il n’y a pas de séparatisme, tout est interdépendant.
On évoque l’âme pensante en lien avec le monde des idées.
Le 2 est le trait, le lien entre deux états. Il est lié à l’énergie Taureau. Le 2 fait souvent référence à la dualité Ame/Corps, Esprit/Matière… Dans le Taureau on perçoit cette autre dimension en chacun, cette étincelle de vie Une. Plus que de dualité, le double état Formel/Spirituel, fini/infini est évoqué ici. L’un des thèmes fort du Taureau est le désir. Le trait est le fil d’or qui lie le problème à sa solution, en d’autres termes une loi fondamentale à ce que nous en percevront. On peut donc définir cela en un lien entre L’Esprit et la Matière, l’esprit édictant les lois et la matière la percevant à son niveau vibratoire actuel.
On évoque ici l’âme sensible en relation avec le corps émotionnel, qui perçoit l’existence de l’âme.
Le 3 est le triangle et l’énergie Gémeaux. Le triangle est lié au triple aspect de la trinité : Dieu/Jésus/Marie, Esprit/Ame/Corps. Les sentiers hindous font aussi référence à trois fils qui sont les 3 principaux Nadis (symbolisés par le caducée) : Le fil de la création Sushumna (l’Esprit), le fil de la conscience Ida (L’Ame) et le Fils de la vie Pingala (la Matière). Ils sont respectivement la représentation des rayons 1, 2 et 3 tout comme les trois premiers symboles évoqués ici. Le point : la vie Une, la loi universelle (Rayon1). Le trait : la relation entre l’Esprit et la Matière, l’unité d’amour (Rayon2).Le triangle : l’expression de la vie, du mouvement (Rayon3). Ce troisième aspect, le Corps, la vie est la conséquence de l’intelligence de vie : le Saint-Esprit. On revient donc à la trinité fondamentale Père/Fils/Saint-Esprit : Rayon1/Rayon2/Rayon3. Pour développer la relation entre le Saint-Esprit et ce concept de mouvement de vie et de Matière, on note que le Saint-Esprit, vue par les Chrétiens est « (…) le Dieu qui agit (…) la personne qui atteste que la parole vient du père par le fils » (extrait d’un site Catholique). On retrouve bien ici les deux concepts de mouvement et de synthèse Ame/Esprit.
On évoque l’âme vivante en lien avec le corps Ethérique.
Le 4 est le carré, l’énergie Cancer. Le carré est le symbole de la forme dans sa stabilité, sa densité. Le carré représente cette masse, le creuset dans lequel l’âme va croitre et tenter de s’exprimer. On peut le comparer a un cadre délimitant la capacité d’extension vibratoire de l’âme au sein de celle ci. En effet, de cycle en cycle (comprendre incarnation) la forme qu’habite l’âme est de plus en plus subtile de façon à ce qu’elle puisse accueillir cette expansion.
On évoque ici l’âme incarnée sur le plan physique l’identification de l’unité avec la masse.
Le 5 est l’étoile à cinq branches, le pentagramme, l’énergie Lion. L’étoile représente l’homme, avec sa tête ses bras et ses jambes, et par extension de règne humain. Il est lié à l’humanité, l’évolution consciente.
Les approches psychologiques tout comme ésotériques laissent apparaitre un état supérieur en tête : le Soi (ou l’âme) et la quadruple nature humaine en bras et jambes : les corps mental, émotionnel, vital et l’enveloppe physique (la forme). Pour les alchimistes, le pentagramme est associé à la 5e essence : la quintessence (faisant suite à l’eau, la terre, l’air et le feu). Elle est ce qu’il y a de plus subtil, de plus essentiel. On peut préciser que le cinquième règne est le règne supra humain, le règne de l’âme.
On comprendra ici l’importance du lien entre le lion et l’âme, le lion auquel on attribue même le titre d’âme royale. En effet, le Bélier travaille sur le plan mental, le Taureau sur l’émotionnel, les gémeaux sur le plan physique mais d’un aspect vital et le cancer sur la forme soit le corps physique dense. On pourra ajouter le 5e commandement qui fait lui aussi état de l’union père (Esprit) et mère (Matière) donnant naissance à l’âme : « Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne. »
III - Le lion
Le combat contre le lion est une figure couramment répandue. Cette lutte à mains nues avec cette impression d’étouffement/musellement de l’animal se retrouve sur l’arcane 11 du tarot (la force) tout comme sur des représentations évangéliques ou dans la lutte de Samson avec le lion. C’est la représentation d’un combat intérieur, une maîtrise de l’animal, du mal et de sa puissance. Dans l’Epitre de Pierre (5 ;8) on peut lire « Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera ». Ceci n’est pas sans rappeler le lion de Némée prêt à dévorer ceux qui ne sont pas prêts à le combattre.
Le passage dans le Lion marque l’individualisation de l’être au dépend de la masse (symbolisée par le signe du cancer). Le tibétain décrit le signe du Lion comme le dernier signe du sentier de probation. On peut comprendre cette affirmation comme le fait que nous avons atteint ici l’état d’individu dans lequel la collaboration Esprit/Matière, Ame/Personnalité va pouvoir exister. La Vierge étant le signe qui marquera la transition de l’involution à l’évolution.
Le rayonnement
La qualité première du Lion est la volonté d’illuminer. Le Lion est sûr de lui, il affirme pleinement ses vérités (même si elles ne sont que temporelles les vérités sont absolues à l’instant présent). Cette force d’affirmation, d’expression lui permet de rayonner, d’inonder le monde de ce qu’il est. En Egypte, le signe du Lion avait pour signification « déversement » car c’est dans cette période que le Nil était en pleine irrigation. Le lion cherche à être pleinement, sans retenue, il doit apprendre à être un soleil et à éclairer le monde. Cette capacité à être, unifie autour de lui, autour de ce qu’il affirme. Ce rayonnement est un moteur d’évolution mondial.
La gouvernance
De ce fait, les Lions sont des leaders naturels, ils unifient leur entourage à une cause commune. Les groupes en conscience de masse sont toujours guidés par une personne d’archétype Lion : un gourou, un dictateur, un empereur… Cela nous amène à la seconde proposition du lion : la volonté de gouverner.
’’Gouverner vient du grec ancien Kybernao « tenir le gouvernail » en un sens donner la direction, le cap (Wiktionaire).’’. C’est donner un sens, une direction commune.
L’évolution sensible
Ces phénomènes (rayonnement et gouvernance) ont pour limite la sensibilité du Lion lui-même. Car si le lion affirme pleinement ce qu’il est, il doit développer une réponse sensible à ce qu’il n’est pas (ou à ce qu’il est en devenir). La proposition majeure du Lion va donc être de définir pleinement ce que nous sommes. De par ce développement sensible, le Lion va tendre vers l’unité, considérer l’humain comme une parcelle de vie une, comme un être divin. Considérer les règnes supérieurs comme les règnes inferieurs comme parcelle de ce tout évoluant. Dépasser le ’’moi, ici et maintenant’’ et tendre vers le ’’nous, partout et toujours’’.
Il commencera par un développement personnel, par définir ce qu’est son corps, ce que sont ses pensées, ses idées, ses émotions. Il définira aussi le milieu auquel il est sensible, sa famille, son quartier, son pays… Il s’identifiera pleinement à cela de façon à le rayonner et le partager.
De façon schématique, on peut représenter le lion au centre de ce qu’il est, de ce qu’il perçoit et assimile. La vie forçant au décentrage (chômage, décès, naissance…), cette stabilité va être compromise. Le périmètre du Lion tend à s’élargir et il se recentre dans cette nouvelle dimension. On peut faire une analogie avec un pas de marche où l’on se retrouve stable en position statique, en déséquilibre lors du mouvement du corps vers l’avant puis a nouveau stable en position statique. Cette analogie est intéressante car elle ajoute une notion d’immobilisme à celui qui ne ce décentre pas, qui ne va pas de l’avant, qui ne perçoit pas ce qu’il y a au-delà de ce qu’il est. Le Lion a pour tendance à ne penser qu’à être pleinement mais il doit aussi changer, sortir de son sanctuaire, tendre vers son signe opposé le Verseau.
Cette notion d’évolution sensible pousse le Lion à la connaissance de soi, à l’évolution de la connaissance, de ses perceptions, de sa sensibilité au monde, c’est un processus d’évolution. Ce défaut est accentué par la réticence au changement. S’il perçoit une conscience d’ensemble plus grande et reste centré sur une conscience antérieure par peur du changement, il y aura conflit entre ses perceptions et ce qu’il affirme, qu’il rayonne. Il est conscient de ses perceptions mais s’arrête à cette conscience sans s’harmoniser avec elle. Pour éviter ce conflit et par crainte, le Lion a tendance à occulter ses propres perceptions.
Du MOI au TOUT
Pour conclure cette évolution, le Lion doit passer de la conscience du MOI à la conscience du TOUT. On peut symboliser cela par les phrases :
« Que ma volonté soit faite » : expression du MOI (séparatisme)
« Père, que ta volonté soit faite et non la mienne » expression du TOUT (unité)
Dans le TOUT, il n’y a plus de centre, il n’y a plus de séparatisme. Quand on prend conscience que l’on est parcelle du tout évoluant et que l’on rayonne cela, on devient canal du travail de l’âme sur terre, c’est l’état supérieur du Lion : l’âme Royale. AAB nous donne le crédo du lion illustrant très bien cela : « je suis cela et cela est moi », je suis parcelle du tout évoluant et ce tout est ce que je suis. Un point (et non le centre) et l’ensemble.
Le Lion d’en bas
En involution, le Lion est égocentrique. Il est trop centré sur lui-même. Cela s’explique par la fonction du Lion au sein du zodiaque. Il est le signe qui marque l’individualisme, la séparation de la Masse. De ce fait, il est égoïste et peu collaboratif. Cet égoïsme peut être vécu individuellement tout aussi bien qu’en groupe ou au niveau régional, national (les rapports à l’immigration par exemple).
Nous avons aussi évoqué la peur du changement et la capacité à occulter ses propres perceptions pour s’extraire de cette évolution. Ce phénomène développe une certaine insensibilité à l’égard de ce que le Lion n’a pas intégré.
La volonté d’illuminer, au niveau de l’involution devient obscurantisme et la volonté de gouverner révèle une tendance à la domination, à imposer sa volonté aux autres (tels les gourous, dictateurs…).